chocolate ϫ lyrem

pâques n'avait plus rien de religieux à astéria depuis bien longtemps, et pourtant la coutume d'aller cacher des oeufs pour les enfants et les regarder les trouver et se goinfrer était restée ancrée dans les grandes habitudes annuelles. tu aimais beaucoup cette fête, tu te souvenais avoir toi-même farfouillé les moindres recoins du parc de la couronne australe à la recherche des petits oeufs colorés. tu avais même trouvé une grenouille, une année, et ton père avait rit en te voyant la poursuivre, alors que tu n'étais pas plus haut que trois pommes. c'était il y a longtemps, et tout cela s'était effacé. si tes souvenirs demeuraient, comme gravés dans un marbre incapable de s'éroder, l'ambiance avait bien changé. ce n'était plus ton père qui cachait les oeufs, et ce n'était plus toi qui les cherchait. cette année, tu les avais caché toi-même, avec l'aide de quelques ministres heureux de participer aux festivités.

depuis déjà dix bonnes minutes, le coup d'envoi a été lancé et en cette belle après midi d'avril, les enfants de polaris commencent à farfouiller dans le parc pour chercher les oeufs en chocolat. tu observes les petites silhouettes se balader entre les grandes plantes et les arbres, attendri. la vérité, c'est que tu es partagé entre deux sentiments, la mélancolie de ne plus être un enfant toi même, et cette envie étrange d'en avoir, même si tu sais ta situation trop compliquée pour y prétendre. et, de toutes façons, ce n'est pas comme si tu pourrais en avoir l'occasion un de ces jours alors tant pis.

tout de même, certains enfants de polaris sont bien étranges. il y a cette petite fille qui attire ton regard. tu ne saurais pas vraiment dire pourquoi, parce qu'elle est loin et d'ici il ne te semble pas l'avoir reconnue, mais tout de même, tu as une impression très étrange en la regardant.